Septembre 2020, la confirmation de l’arrivée Automotive Cells Company, « gigafactory » des batteries (pilotée par PSA et Total) sur le site de PSA Douvrin avait été une « giga » bonne nouvelle pour le Parc des industries Artois Flandres situé sur les agglomérations de Béthune-Bruay et de Lens-Liévin. Le choix du Parc des industries s’expliquait par l’intérêt géographique du lieu mais aussi par le fait que s’y trouvait Française de mécanique, devenue PSA Douvrin, dont le « compactage » pour réduire les coûts avait laissé des disponibilités foncières exploitable. Les élus de la région, des agglomérations concernées et du SIZIAF, syndicat mixte qui gère le Parc des industries, avaient aussi fait pencher la balance pour Douvrin en apportant quelques 121 M€ au dossier.
Très vite, le SIZIAF s’est mis en ordre de marche pour accompagner le projet ACC. Aussi, l’annonce par voie de presse de la délocalisation du quatre-cylindres essence EP de l’usine de Douvrin vers l’usine Opel de Szentgotthárd (Hongrie) a fait l’effet d’une douche froide. Cette délocalisation fait peser une lourde menace sur l’avenir du site PSA Douvrin et de ses 1500 salariés. En effet, l’usine produit trois types de moteurs : le diesel DV-R dont l’arrêt est programmé pour juin 2022, le quatre-cylindres essence EP qui va donc être délocalisé en Hongrie dès 2023 et le trois-cylindres essence EB au devenir incertain.
Le 24 mars, les élus du SIZIAF ont donc pris la décision de voter une motion pour demander officiellement à la direction de PSA d’investir dans la modernisation de son site de Douvrin. Comme le rappellent les élus, l’usine, créée par Peugeot et Renault en 1969 à Douvrin et Billy-Berclau, a été un fleuron industriel de la régionHauts-de-Francequi a, compté jusqu’à 5 700 salariés et produit plus de 2 millions de moteurs par an. Au début des années 2000, le site est entré en décroissance avec la fermeture de la fonderie, le retrait de Renault, des premières diminutions de la production, des premières suppressions de postes… En 2015, PSA a présenté un plan de compactage du site pour le rendre plus compétitif et éviter sa fermeture. Le SIZIAF, qui depuis l’origine avait accompagné le site dans son développement, s’est montré solidaire de PSA et a aidé le constructeur à réduire son emprise foncière de 140 à 40 hectares. Sa production ramenée d’une capacité de 2 à 1 million de moteurs par an se faisant désormais sur deux bâtiments au lieu de huit.
Avec l’aide de l’Établissement public foncier qui a acheté au prix fort 24 ha de terrains et bâtiments à déconstruire, le SIZIAF prend en charge un important aménagement public pour desservir au mieux le site compacté dès 2023. Les terrains libérés par PSA vont profiter en partie ACC, la gigafactory pour laquelle le SIZIAF a accordé une subvention de 20 M€ !
C’est donc avec stupéfaction, déception et colère, que l’annonce a été accueillie par les élus du SIZIAF qui se sentent trahis et floués. Dans leur motion, les élus du SIZIAF demandent que PSA investisse dans la modernisation de ses chaînes de Douvrin pour y produire les moteurs hybrides EP et EB, comme prévu initialement, et précise l’avenir du site. Si le site devait fermer, les emplois promis par ACC en 2025 - ne pourraient pas compenser ceux les 1500 perdus à court terme.
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