Ce mardi 16 novembre était organisée, par l’Etablissement Public Foncier (EPF) de la région Hauts-de-France, une journée consacrée à l’articulation entre la sobriété foncière et le développement économique. Comment conjuguer 2 objectifs en apparence contradictoire, alors même que la loi Climat et Résilience du 22 aout 2021 inscrit la lutte contre l’artificialisation des sols dans les grands objectifs de l’urbanisme en fixant notamment un objectif de Zéro Artificialisation Nette (ZAN) à l’horizon 2050 ? Le Parc des industries Artois Flandres a été cité en exemple.
Le contexte de la crise sanitaire et de la crise environnementale met en évidence le besoin d’une relocalisation des activités productives. Cette relocalisation implique un besoin en foncier d’accueil des entreprises et l’objectif ZAN favorise la mobilisation de gisements existants (friche, locaux vacants, bâtis et parcelles sous-utilisés) pour faire « la ville sur la ville ». Pourtant, dans la pratique, les collectivités même les plus motivées se questionnent sur la méthodologie à adopter pour concilier développement économique et sobriété foncière.
Avant-gardiste en matière environnementale, le Parc des industries Artois Flandres s’est saisi de la question depuis plus de 10 ans. En effet, il a dû faire face ces dernières années à une mutation importante. En 2009, le Groupe Beaulieu ferme l’usine Filartois sise sur 17 ha puis en 2014, la principale entreprise qui occupe le Parc, Française de mécanique devenue PSA Douvrin, une des plus grandes usines de France, spécialisée dans la construction de moteurs pour l’industrie automobile, annonce vouloir diviser la surface de son site par 3, passant de 140 à 40 hectares, laissant 100 hectares de friche…
Dans ce cadre, alors même qu’il lui restait des disponibilités foncières, le SIZIAF, syndicat mixte gestionnaire du Parc, prend la décision de requalifier les sites désaffectés pour reconstruire sur les terrains libérés.
C’est ainsi que Prologis Parc, dédié à la logistique, voit le jour sur l’ancien site de Filartois et que ACC, gigafactory des batteries, va être accueillie sur 35 hectares libérés par PSA Douvrin.
Ces opérations de grande ampleur ont pu être menées grâce à l’appui de l’EPF qui est double :
▪ Maitrise d’ouvrage et financement à 50 % d’une étude pré-opérationnelle afin d’étudier les
possibilités d’aménagement du foncier et les coûts associés.
▪ Portage foncier des fonciers libérés en ouvrant la possibilité aux différés de jouissance
avec PSA pour faciliter les opérations de compactage du site (23 ha ont été acquis à PSA
dès 2016).
Pour le site de PSA Douvrin, l’étude a permis de définir un schéma directeur avec 3 secteurs identifiés.
Un 1er secteur (bande Ouest) de 23 ha est constitué d’une bande étroite qui ne permet pas des implantations sur plus de 2 ha et qui bénéficie d’un héritage de PSA Douvrin : 6 ha d’équipements de loisirs (karting, étang de pêche, terrain de foot…). Il est décidé d’en faire une vitrine de l’industrie du futur dans l’objectif d’attirer des nouvelles entreprises de petite taille soucieuses de s’insérer dans l’écosystème ACC. Parallèlement, un pôle de vie exploitant les ressources passées
du lieu sera créé. Il regroupera différentes fonctions : mutualisation d’espaces de travail,
restauration, espace de détente, de sport et loisirs…Un 2ème espace de 35 ha est identifié. Composé essentiellement de bâtiments de production
diagnostiqués non valorisables en l’état, l’étude montre l’opportunité de préserver pour l’industrie
cette parcelle au plein coeur d’un Parc industriel déjà construit à la condition de déconstruire les
bâtiments existants… C’est sur cette parcelle qu’ACC jette son dévolu.
Un 3ème secteur de 35 ha également, composé de peu de bâtiments construits, est également perçu comme stratégique. Outre sa taille importante, il est bordé du canal de l’Aire et bénéficie encore d’une voie ferrée qui n’est plus en service depuis 20 ans mais avec un tracé préservé. Sur ce secteur, le Parc pourrait renouer avec la tri-modalité, enjeu environnemental...
Avec l’aide d’EPF, le SIZIAF a ainsi su transformer un risque éminent de friche industrielle
en nouvelles opportunités d’implantation pour de grandes entreprises à 30 minutes de Lille,
au coeur de l’Europe (voir Page suivante, le Parc avant et après).
Le Parc des industries Artois Flandres en 2021
Le parc des industries Artois Flandres en 2023
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